LE GOUVERNEMENT
L’Ordre des Prêcheurs a été fondé en 1215 à Toulouse par saint Dominique, chanoine du diocèse d’Osma en Castille, né à Caleruega vers 1170.
Cette création à Toulouse n’a rien de fortuit : saint Dominique se trouvait déjà, depuis l’année 1206, dans la région. Il avait commencé dés cette époque à rassembler des soeurs à Prouilhe, dans l’Aude, où se trouve aujourd’hui encore un monastère de moniales, et il avait même été un temps curé de Fanjeaux, au-dessus de Prouilhe.
En décembre 1216, saint Dominique obtient du pape Honorius III l’approbation des Constitutions de l’Ordre des Prêcheurs, autrement dit d’un institut religieux mendiant, vivant selon la régle de saint Augustin. Cet Ordre est explicitement et habituellement voué à “la Prédication et au salut des âmes”, office normalement réservé aux évêques : c’est là une révolution qui s’explique par les circonstances de l’époque, en particulier la volonté de faire pièce de manière pacifique mais résolue à la prédication dangereuse des “parfaits” Cathares.
L’Ordre des Prêcheurs est régi par une constitution dont nous vous proposons ci-dessous quelques extraits dédiés à son gouvernement.
De la constitution fondamentale de notre Ordre:
§ IV Ayant part à la mission des Apôtres, nous assumons aussi leur vie sous la forme conçue par saint Dominique, nous efforçant de mener la vie commune dans l’unanimité, fidèles en notre profession des conseils évangéliques, fervents dans la célébration commune de la liturgie, spécialement de l’Eucharistie et de l’office divin, ainsi qu’en la prière, assidus à l’étude, persévérants dans l’observance régulière.
§ VI. … Envoyé prêcher à toutes les nations, collaborant avec l’ensemble de l’Église, l’Ordre est universel. Pour remplir cette mission d’une façon mieux adaptée, iljouit de l’exemption et possède grâce à son chef, le Maître de l’Ordre auquel tous les frères sont immédiatement reliés par leur profession, une puissante unité, car les études autant que l’évangélisation réclament la disponibilité de tous et de chacun.
En vue de cette mission, l’Ordre affirme et promeut chez les frères la grâce personnelle et le sens des responsabilités. Chaque frère en effet, dès la fin de saformation, est traité en adulte qui enseigne les autres et s’acquitte dans l’Ordre de multiples fonctions…
C’est encore en fonction de la fin que le Supérieur a le pouvoir de dispenser « chaque fois qu’il l’estime opportun, principalement en tout ce qui pourrait faire obstacle à l’étude, à la prédication ainsi qu’au bien des âmes.
§ VII. La communion et la mission universelle de notre société religieuse configurent aussi notre type de gouvernement. Ce qui domine en lui est la collaboration organique et équilibrée de toutes les parties dans la visée de la fin de l’Ordre. En effet, l’Ordre ne reste pas limité à la fraternité conventuelle, qui forme cependant sa cellule de base ; il s’épanouit en des communions de couvents qui constituent les provinces, et dans la communion des provinces par laquelle il est lui-même constitué. C’est pourquoi son pouvoir, qui est universel dans la tête, c’est-à-dire dans le Chapitre et le Maître de l’Ordre, se trouve proportionnellement participé par les provinces et les couvents, dotés chacun de l’autonomie convenable. Notre gouvernement, par conséquent, est communautaire à sa propre façon. Les supérieurs reçoivent à l’ordinaire leur charge par l’élection que font les frères et que le supérieur immédiat confirme.
En outre, lorsqu’il s’agit d’affaires d’importance, les communautés participent de multiples manières à l’exercice de leur propre gouvernement par le chapitre ou le conseil.
Ce gouvernement communautaire est particulièrement apte à promouvoir l’Ordre et à le rénover régulièrement.
Les supérieurs, et les frères par leurs délégués, s’occupent communément, en des chapitres généraux de provinciaux et de définiteurs qui jouissent des mêmes droits et libertés, du progrès de l’Ordre en sa mission et de sa rénovation efficace. Ce n’est pas seulement l’esprit de conversion chrétienne permanente qui réclame cette mise au point continue ; c’est la vocation même de l’Ordre qui le presse d’assumer à chaque génération sa présence authentique au monde.”